the key to madness

tw : alcool.
ft.  @Dante La Iuppa  

sms de ‘Adriaan Van Dijk’
Stop texting me.

Et son sourire s’effondre, les yeux rivés sur l’écran de son téléphone qu’elle balance dans l’eau de la piscine. Les quelques mouillés la dévisagèrent en murmurant des « folle », « cinglée », « elle est pas bien celle-là », « qui l’a invité ? ». Mais personne. Elle s’est invitée toute seule, Galilah. Après avoir bu sa cinquième cannette de bière, l’alcool lui est rapidement montée à la tête. C’est dans un bikini osé qu’elle défile autour de la maison gigantesque. Quelques paires d’yeux se retournent à s’en mordre la lèvre, qu’est-ce qu’elle était belle. Puissante même. À se déhancher sous la musique à presque en perdre l’ouïe, les bras levés en l’air, ses cheveux encore humides des quelques éclaboussures perverses, elle va finir par s’abandonner au spectacle. S’abandonner à ce que son esprit lui dicte de faire.

Car Galilah ne se reconnaît pas. Aux habitudes solitaires, se retrouver ici, en pleine soirée interdite à Midtown, ne lui ressemblait pas. Depuis ces dernières années, depuis toujours elle vivait dans le reflet d’une âme qui ne lui appartenait pas. Mais elle se pensait malade, malade de chagrin. Et cette peine qui commençait à ne plus assez nourrir son cœur meurtri s’était transformée en une décadence d’actions incontrôlées. Mais ce qu’elle n’avouera jamais, c’est qu’elle aime cette folie. Cette passion indescriptible qui se glisse dans ses iris, contre sa peau. Cette chaleur presque trop pure pour y renoncer. Galilah était une sacrée menteuse. Sa propre manipulatrice.

Mais ni les dieux, ni même l’humaine ne peuvent faire quoique ce soit contre cette sirène venue d’ailleurs.

La police aboie à l’entrée de la villa et la foule s’affole, se bouscule, ils partent tous et toutes se cacher dans les moindres recoins du domaine. Galilah suit le mouvement à l’étage, pieds nus et à moitié dénudée — son maillot de bain pour la sauver des regards indiscrets. Et comme une gifle qui s’abat pour la réveiller, elle se retrouve seule plongée dans le noir dans une chambre. Les rideaux à demi entrouverts lui permettent d’accommoder sa vue quelques secondes à la chaleur de la pièce. Une décoration flamboyante de rouge qui laisse à désirer l’origine. Elle recule pour s’asseoir sur le lit mais bientôt son épaule cogne une espèce de statue mouvante. Mouvante ? Elle pivote sur elle-même et se retrouve nez à nez avec un homme. Inconnu. Avant qu’elle ne prononce quoique ce soit, les joues rougies par l’intimidante rencontre et la surprise, le cliquetis de la porte résonne derrière eux. Ils sont enfermés. Ils entendent les grosses bottes des policiers traverser le couloir, surveiller certainement les alentours avant de renvoyer chez eux les jeunes rebelles. Durant ce laps de temps à se dévisager l’un à l’autre, Galilah pose rapidement sa main contre les lèvres de l’inconnu. « Ne fais pas de bruits … » murmure-t-elle en écoutant les pas s’éloigner de la sécurité. Puis sans plus attendre, la belle se précipite vers la cliche pour tenter d’ouvrir. Seul le bruit sourd du verrouillage lui répond. « Nous sommes coincés. » lâche-t-elle dans un soupir en se prenant la tête entre les mains, le visage penché en arrière sous les rayons lunaires. Puis avant que son futur partenaire ne puisse parler pour la première fois, voilà qu’elle le coupe une nouvelle fois : « Tu as quelque chose à boire ? ».

the key to madness

tw : alcool.
ft.  @Dante La Iuppa  

Les membres encore endoloris par cette panique qui l’avait submergée et pour cause, la simple venue de la police. Elle n’avait rien à faire ici. La fête bien-sûr, synonyme de débauche, synonyme d’insomnie alcoolique ; il fallait qu’elle boive pour se rendre compte de ô combien elle était misérable. Il fallait qu’elle se retrouve enfermée pour savoir ô combien elle était claustrophobe. « Je suis l’amie de la sœur du meilleur ami du gars qui a organisé la soirée. » ment-elle pour justifier le simple fait qu’elle ne connaissait pas les lieux. La panique s’accélère d’autant plus quand son nouvel acolyte du jour s’active à trouver une clé. Tout le monde sait qu’elle réapparaisse comme par magie, seulement dans les films. Et ils étaient loin d’être dans un télé-film, du moins pas de ce genre ; plus fantasy. « Tu perds ton temps à chercher ici. Personne ne laisse un double dans la même pièce. » marmonne Galilah en le voyant faire des allers retours entre tous les tiroirs du bureau, des meubles, etc. Elle se dirigea pour autant vers la penderie, dans laquelle elle saisit un long manteau d’un rose aussi voyant que le rouge flashy de la literie, qu’elle enfila par dessus son maillot de bain.

Face au miroir, elle observa son reflet et mima les poses des plus grandes mannequins qu’elle avait une fois étudié entre deux vidéos YouTube. Elle avait l’air soit complètement folle, soit complètement bourrée. Mais il fallait qu’elle pense à autre chose. À autre chose qu’à ce message cinglant de son propre paternel, qu’à cette chambre à la décoration aussi laide que le visage de certaines femmes croisées ici, qu’à cette foutue porte fermée à clé. Bordel. « T’es un homme, non ? Pourquoi tu n’essaierais pas de l’enfoncer ? » balance-t-elle en le dévisageant de haut en bas, jaugeant sa capacité physique à démonter la cliche d’un super coup de pied. « Laisse-tomber. À moins que tu ne sois un magicien. Doué, je précise. On est fichus. ». Elle s’avance en direction des rideaux qu’elle tira légèrement sur le côté pour pouvoir observer la police continuer leur ronde dans le jardin, autour de la gigantesque piscine. Elle expire une grande bouffée d’air précédemment inspirée, à la recherche d’une idée farfelue pour les décoincer de là. Mais c’était comme chercher une aiguille dans une botte de paille. Sauf que l’aiguille, elle, ne vient jamais.

« D’ailleurs, qu’est-ce que tu faisais seul… ici ? » quitte à rester ici pour un moment, elle se devait d’en apprendre davantage sur lui. En croisant les doigts qu’il ne soit pas l’un de ses psychopathes, elle priait au fond d’elle qu’il soit un peu divertissant. Il pourrait bien devenir sa marionnette ou son troubadour pour la fin de la soirée. Autant user le temps correctement, pas vrai ? Elle se moquait bien de son ressentis à lui finalement. Tout ce qu’elle souhaitait, c’était s’assurer qu’il n’allait pas lui sauter dessus comme l’un de ces charognards croisés quelque heures auparavant. Un enfer qu’elle sait gérer par habitudes, parfois pas car le paradis guette certains de leurs traits angéliques. « Je m’appelle Galilah Van Dijk. », préciser son nom pouvait faire écho à l’existence de ce fameux chirurgien de manathan, le meilleur de tous, disaient-ils en cœur. Le fameux Adriaan. Le parfait. L’élégance incarnée. Le dieu de tous. Et le père d’une gamine complètement torchée, prise au pièce dans une chambre outragement saccagée.