Il fait froid, chez toi. T'as pas la thune à mettre dans le chauffage et puis ça t'aidera pas, tu l'sais déjà. Tu tremblotes comme une vieille feuille en hiver, sous tes trois bonnets et deux pulls en laine que t'as volé dans une friperie. Y en a un qui est rouge et troué, l'autre qui est bleu et troué. Ca te donne un air un peu délabré et y a rien de plus réaliste que ça.
Ton appart c'est un bordel monstrueux. En même temps t'as une seule pièce, cuisine et salle de bain dedans. Tu peux chier en faisant tes omelettes. Et depuis ta cabine de douche tu peux surveiller que ta pizza brule pas dans ton four. T'as trouvé du positif partout.
Trois sacs poubelles à la main, tu descends tes escaliers, sans faire attention que sous tes pulls t'es juste en mini short de sport qui montre la moitié de ton cul plat. T'as renversé ta vodka sur ton dernier pantalon encore valable, t'y es pour rien, t'es juste bully par la vie. Peut-être que tes tentacules te manquent un peu, c'était plus facile pour attraper des trucs.

Tu jettes le premier sac dans la benne sans regarder, quand t'entends un truc bouger, grogner. T'as un long soupire. Tu sais pas si c'est Gérard le sdf ou Gérard le raton laveur, mais y a au moins un Gérard dans la benne, bien au fond. "Gérard, j't'ai déjà dit que t'allais rien trouver là dedans enculé. Tu pues déjà assez comme ça." Tu marmonnes sans aucune pitié en balançant le second sac pile sur le bruit en y mettant encore un peu plus de force, pour lui faire comprendre. "T'as braqué un magasin de transpiration gros ou quoi ? Y a rien qui va." Tu lâche dans une grimace absolument dégouté. T'as découvert y a pas longtemps que dans ce corps tu pouvais vomir et c'était vraiment pas une expérience fun.

Ça pue.
Y a la nausée, la gerbe entre ses lèvres, l’envie de crever.
Il a envie de frotter ses yeux mais il sait pas trop où sont ses bras et où ont disparu ses jambes. Alors il abandonne avec l’envie de dormir encore un peu. Il a pas envie d’émerger parce qu’il a peur de voir où il a atterri.
Mais y a un truc qui lui tombe sur la gueule et il grogne, bouge, se demande s’il veut savoir. Probablement pas. Mais y a une voix dans l’oreille qui marmonne et il comprend pas bien, s’dit qu’il veut probablement pas savoir non plus de toute façon. Le deuxième sac lui coupe le souffle et il grogne plus fort avec un « P’tain » qui s’échappe. Ça l’pousse à ouvrir les yeux.
Des regrets déjà quand il sent pas le soleil sur sa peau – mais d’autres choses, un peu visqueuses. L’odeur qui s’rappelle à lui et il arrive à soulever une main devant sa bouche pour retenir la gerbe.
Des poubelles. Evidemment. La déchéance jusqu’au bout, rit-il avec amertume. A l’intérieur. Parce que ça ferait rire que lui. Lui et l’autre connard.
On lui a posé une question, non ? Il sait même plus. La voix parlait en tout cas. Il souffle bruyamment et essaie de se redresser – avant d’abandonner et de retomber. « Hey, au lieu de balancer des sacs plein d’merde, tu veux pas aider ? » Pas sûr que ce soit la meilleure façon d’obtenir une main tendue de la part d’une inconnue mais hey. Quitte à être dans une poubelle, autant devenir une ordure.
Enfin. Devenir.
Il grogne et essaie de se redresser encore, appuyant sur un sac au contenu plus que douteux qui fait remonter un relent d’entrailles de poissons. Il lève les yeux pour essayer de voir celle qui l’a recouvert de plastique et il hausse un sourcil en croisant son regard. « Alors ? Oui, non ? Malgré le côté prophétiquement ironique de cette situation, j’tiens pas à m’éterniser. » Dit-il alors qu’il arrive pas à se lever, le corps en vrac et l’envie de vomir qui tétanise ses épaules. Ah, il est beau le médecin. Il grimace et pose sa main sur le rebord de la benne.
Et surtout ne pas penser à ce qu’il sent dans son dos. Jamais.  

Ha. C'est pas la voix de Gérard, ni son petit grognement élégant. Y a quelqu'un d'autres dans la benne à ordure. Tu lui lances un regard, tout sauf impressionnée, ton dernier sac poubelle dans la main. Qu'il vienne pas te faire chier. C'est son problème si sa passion c'est dormir dans les poubelles les plus puantes du quartier.
C'est à la fois très drôle et très pathétique de le voir tenter de se redresser comme un nouveau né pas capable de contrôler son corps. Tu ressemblais à ça quand tu es arrivée dans ce body aussi ? Ridicule. T'es un peu triste d'avoir laissée ton téléphone dans ton appartement, tu aurais pu filmer le tout et en rigoler encore dans plusieurs mois. Peut-être te faire dix dollars en la postant sur youtube avec un maximum de pubs. "T'es très bien dans la poubelle, t'as l'air à ton aise." Tu marmonnes, ton sourire qui mange la moitié de ton visage de connasse. "Presque à ta place quoi." tu hausses les épaules avec un vieux ricanement sorti tout droit des enfers. "Puis j'ai pas vraiment envie de te toucher vu comment tu pues." Et pour ça t'aura strictement aucune pitié.
Tu te penches en ramassant un vieux bout de bois, le coude posé sur la poubelle pour le toucher avec ta branche, comme si c'était un animal à moitié mort que tu tentais de ranimer. "Tu viens des docks ou quoi ? Tu sens le poisson comme pas possible." Tu fais mine de vomir.

Quand il s'approche encore un peu, réussi presque à s'asseoir, tu balances le dernier sac poubelle en visant super bien. Il s'éventre sur ton baton de fortune et ta bouteille de coca plat se renverse sur son pantalon. "Oups, elle m'a échappé des mains et t'étais dans le chemin." Tu termines avec le plus grand shit eating grin possible.

Presque à ta place.
Si elle savait.
Envie de la claquer, d’arracher ce sourire moqueur de son beau visage, à celle-là. Pourtant, il peut pas s’empêcher d’avoir envie de sourire avec. Parce qu’une part de lui sait très bien que si la situation avait été inversé, il aurait le même air con, les mêmes piques au bout de sa langue. Mais plutôt crever que de l’avouer.
Alors il grogne pour toute réponse, loup mécontent dans sa décharge personnelle. Il sait qu’il pue mais il aime pas qu’on le lui rappelle. Il essaie de l’oublier. Difficilement. « Faudra demander à tes voisins. » Il fait un vague signe vers les sacs poubelles, vers le côté d’où vient l’odeur de poisson dégueulasse. P’tain l’envie de gerber rien que d’y penser. « J’espère qu’ils se sont étouffés avec les arêtes. » L’image est plaisante. Une petite vengeance pour quelqu’un qui ne lui a rien fait – mais la vie est une chienne et il en a marre de prendre tout seul.
Imaginer le malheur de quelqu’un d’autre le calme un peu.

Elle est là avec son bâton alors qu’il essaie de se redresser, le traite comme un pestiféré et s’il doit admettre que la scène est cocasse, il a envie d’attraper la perche. Littéralement. Sauf qu’au lieu d’aider, elle jette son sac. Il a le feeling une seconde avant la catastrophe, prémonition qui l’fait reculer juste avant de se prendre une douche indésirable – pas assez rapide pour esquiver complètement, son pantalon qui prend.
Et elle est si fière d’elle.
Il s’immobilise, regarde son pantalon. Est-ce qu’il est à ça près ? Pas réellement. Alors il s’en fout. Mais lentement, il relève son ses yeux sur elle, la regarde par-dessous ses cils. Elle l’a complètement fait exprès. Il reste silencieux une seconde, deux. Fixe son sourire, l’visage impassible. Puis il sourit en coin.
Avant qu’elle puisse bouger, il tend le bras, attrape son bâton et tire dessus, assez pour la faire avancer et attraper son bras. Elle est fine, légère quand il lui fait perdre l’équilibre.
Il s’casse la gueule en arrière, emporté par son élan et elle tombe sur lui, il perd le souffle une seconde quand une poubelle dans son dos tape un peu fort.
Worth it tho.
Il la regarde et la repousse à côté, lui offrant ses sacs poubelles perso, il a pas besoin de partager. « Oups. T’étais dans le chemin. » Y a son sourire au coin de ses lèvres et une lueur dans ses yeux. P’tit con.

Y a comme un feeling. Un truc qui chatouille le bas de ta colonne. Un truc qui te dit de faire attention. Pendant trois secondes, tu te demandes si c'est un truc mystique ou un truc de connard - vous vous reconnaissez bien entre vous. T'aurais du l'écouter, ce petit chuchotement à ton oreille, cette voix qui te dit de te méfier du soleil.
Il a osé, ce petit con. Zéro pitié, avec son sourire de batard du dimanche. Tu peux reconnaitre que tu l'as cherché, même que tu l'as un peu mérité, mais voir son rictus si fier ça te donne envie de dévorer son visage ; et pas dans un style kinky, plutôt pour lui arracher la gorge.
T'as atterri sur son torse et tu le fixes avec les sourcils les plus froncés de l'univers et il se permets encore de te repousser ? Putain. T'aurais fait la même chose et c'est ça qui te fait rager plus que le poisson qui imprègne maintenant ton haut ou tes jambes nues en contact avec les sacs poubelles. Elle a raison, cette petite voix. Un véritable soleil. Il est en train de te bruler les yeux avec son petit sourire en coin de connard.
"T'es content ?" Pourtant y a un sourire dans ta voix, un rictus accroché à ton visage. "J'espère t'es vraiment fier." tu grognes à moitié en lui balançant le premier papier de Kitkat qui te passe sous la main. T'es presque sûre qu'il était à toi. "Y a personne qui va nous aider à sortir de là maintenant." tu soupires, en décidant à moitié de te mettre plus confortablement contre un sac plastique, ton pied qui frappe dans sa cuisse, ton regard noir. "Moi j'viens te sauver, t'aider... Qu'est-ce que tu foutais là de toute façon ? T'habite avec les restes de soupe de poisson de mes voisins ?"

Elle a l’air de vouloir lui arracher la tête – et en même temps, d’vouloir rigoler. Un peu comme lui. Envie de se battre, envie de se féliciter. Il a l’air de p’tit con, l’air de connard, la fierté de l’avoir embarquée dans sa galère. Littéralement dans la décharge, lie de l’humanité, bas-fonds. Dans la merde jusqu’au cou.
Ça l’fait rire.
Intérieurement.
A l’extérieur, il la regarde et il sourit. « Plutôt, ouais. » Il peut pas nier qu’il est fier, c’est écrit sur sa gueule. L’sourire qui grandit un peu, l’menton qui s’lève. L’enfant qui a fait une connerie et qui la revendique. Il s’prend un papier et l’vire d’un mouvement de poignet. « Parce que de base, y avait quelqu’un ? J’veux dire, tu servais à rien là. » Il hausse les épaules, son regard dérivant vers le ciel – mais il en voit rien. Y a juste les briques sales des bâtiments et le métal d’escaliers de secours qui vont quelque part, ailleurs, loin d’eux. Il baisse les yeux quand il s’prend un coup – mais c’est juste elle qui s’installe. Il roule des yeux, c’est gratuit.
Elle venait le sauver, ah ouais ? C’était pas flagrant. Il la regarde, la phrase écrite dans ses prunelles, clairement pas convaincu par sa tirade. L’aider ? Zéro.
« Nan. » Il réfléchit, s’passe la main dans les cheveux, les ébouriffant un peu plus. « J’sais pas comment j’ai atterri là. » Il fronce le nez – l’odeur et la perplexité. « J’étais crevé, j’marchais … Puis c’est flou. » Il hausse une épaule et la regarde. « C’est pas la première fois que ça disparaît un peu. » Avec un soupir, il se redresse un peu, assis au lieu d’allonger comme une épave. « Cinq jours de permanence à l’hôpital ont tendance à réduire mon cerveau en bouillie. » Il grimace, il devrait même pas en faire autant. Mais il voulait pas partir sans être sûr. Conscience professionnelle.
Ou l’côté têtu comme un âne.
Il la regarde du coin de l’œil, moqueur. « Et avant que tu l’dises : oui, c’est déjà pas glorieux de base. » Il s’fout de sa propre gueule. Jamais il doute de sa propre intelligence – plutôt narcissique sur les bords, il connaît sa valeur. Mais il préfère prendre les devants sur la blague qui allait inévitablement passer la barrière des lèvres pulpeuse de sa compagne de déboires.

T'as envie de le tuer. Le frapper peut-être. Le démolir c'est certain. Parce que bordel il arrive à t'amuser avec son air de connard fier, avec son petit sourire que t'as envie d'lui arracher avec les dents. C'est toi. Toi si t'avais passé un peu plus de temps au soleil. Toi si t'étais moins grognon aussi.
Mais il vient te dire que tu servais à rien ? Alors que t'avais même sorti ton plus beau bâton ? Alors que t'es restée à côté de lui ? Que tu l'as pas abandonné ? T'as été beaucoup trop gentille. Trop bonne trop conne comme dirait ta voisine qui doit être aussi vieille que la créature que tu es vu ses rides et ses cheveux qui tombent pas poignées.
Tu fais mine de bailler, tu fais sembler de pas t'intéressée. Sauf qu'il bouge, se redresse, et toi t'as la trouille d'être toute seule au milieu des déchets alors ta main s'accroche à sa chemise sale. T'as l'air un peu conne quand tu te rends compte qu'il est juste en train de s'asseoir. Comme s'il était prêt à discuter dans la benne. Comme s'il était content de parler de sa nouvelle fonction de poubelle au vu de l'odeur qui l'entoure, s'accroche à lui, à sa peau ensoleillée. Tu bouges pas ta main. Elle est bien là. Puis t'as pas envie d'être la seule pathétique ici.

C'est un médecin ? T'es pas réellement surprise, en vérité. Enfin. T'as pas trouvé beaucoup d'infirmiers dans les poubelles mais y a un début à tout, tu supposes. Il a la tête du mec qui te balance des cachetons pour que tu la fermes, mais qui s'occupe des enfants avec une douceur de batard, le genre de tendresse qui ferait fondre le plus dur des coeurs.

"Toi t'es un infirmier ? J'suis sûre que tu te fais draguer par absolument toutes les petites vieilles." c'est tout ce que tu trouves à répondre étrangement. "Gros, on est couché dans une poubelle à regarder le ciel gris. Je pense je peux supporter ton côté pathétique à sauver des vies jusqu'à ce que tu t'effondres. Héros à deux balles. Tu devrais avoir honte." tes yeux roules si loin que tu crois avoir aperçue un peu de rose. "T'as quand même de la chance, d'habitude y a personne qui passe par là. A part un raton laveur. Une teigne en plus." t'as à peine dit ça, que y a un grattement, presque un ronronnement, et tu te figes. Vraiment. T'sais pas lequel de vous deux est maudit, mais avoir autant de malchance c'est pas possible.

Sa main qui s’accroche à lui et il hausse un sourcil. Hésite à faire une remarque. Mais il la regarde du coin de l’œil et il dit rien. Parce qu’elle a juste eu peur. Parce qu’elle a un visage d’enfant et qu’en vrai, elle le fait rire. Il l’apprécie, avec sa grande gueule et son répondant. Il peut pas le nier, que ça l’amuse, tout ça. Qu’il a la gerbe et le besoin désespéré de se doucher, mais qu’elle est apparue et qu’elle fait passer la pilule un peu plus facilement.
Alors il se moque pas, il la laisse s’accrocher et il s’installe dans la benne. Il parle un peu et la question lui fait froncer le nez. « J’suis pas infirmier, j’suis médecin. C’est pas pareil. » Arrogance mal placée. Mais les années à trimer, les cours, les stages, les compétitions incessantes ont laissé des traces. Il a gagné son titre, il a rampé pour ne plus être juste le stagiaire maladroit qu’on appelle avec un bouton. Il a du respect pour ceux qui s’engagent dans cette voix – il n’en fait cependant pas partie.
Elle le pique un peu, scorpion dans un corps humanoïde, s’fout de sa gueule et il souffle en regardant les briques délabrées au-dessus d’eux, l’écoute d’une oreille mais, très honnêtement, il a à moitié décroché. Sauf qu’elle dit quelque chose sur un raton laveur – et que ça gratte. Il hausse un sourcil sceptique en la regardant du coin de l’œil. « C’toi qui as fait ça ? » Piège pour lui faire un peu peur ? Hm. Pas qu’il ait vraiment peur d’un raton laveur. En théorie.
Sauf qu’il a un sale pressentiment, et c’est jamais bon ça. Son instinct qui lui montre une boule de poils gris et noirs avec des yeux méchants et des dents pointues. Il grimace. Il s’immobilise et écoute, se demande si le bruit était vraiment la bestiole ou une illusion. Avec un peu de chance. Il tourne le regard vers Charles et grimace. « Je sais pas toi, mais j’ai pas envie de me battre pour cette merde. » Il se redresse, se débat un peu dans les sacs et agrippe le rebord de la benne de nouveau – toujours gluant, toujours dégueu. « Je propose qu’on se barre. »
Il grimace, enlisé dans les sacs. « Ok. Fais-toi plaisir, pousse-moi de l’autre côté. Et puis je te sors. » Elle doit kiffer non ? L’occasion de l’envoyer bouffer le bitume ? Il grimace en tirant sur ses bras, se promettant intérieurement de jamais plus finir dans ce genre de situations.
Bien sûr.

Tu le fixes, halluciné. T'as envie de lui demander s'il connait beaucoup de ventriloques qui sont capables d'imiter un bruit de grattement contre le métal parce que t'as besoin de ce genre de personne à tes soirées, ça doit être si fun.
Il propose de se barrer et tu le fixes, la bouche grande ouverte. Quoi, parce qu'il va pas se battre contre Gérard ? De toute façon t'aurais défendu le raton laveur avant de défendre le blond. Il est beau mais faut pas déconner non plus. T'as des priorités très précises dans la vie.
Tu l'regardes essayer de sortir comme un bébé prit au piège dans un jeu trop compliqué pour s'en sortir sans ton aide et ton sourire se fait énorme et cruel. Il t'offre son cul. Le pauvre. S'il savait. C'est comme si tu étais devant un énorme gateau. Tu vas pouvoir l'envoyer voler et en plus poser tes mains sur son petit derrière ? Le plus beau jour de ta vie, tu penses, malgré ton nez qui pique à cause des ordures et du vieux poisson.
Tu penses même pas au fait qu'il pourrait se casser, se barrer en te laissant littéralement dans la merde. Tu pourrais faire un trou dans la benne en un coup de poing alors t'es pas vraiment inquiète de ça.

Alors tu t'y donnes à coeur joie, prends ses fesses à deux mains pour pouvoir le pousser en dehors de la benne dans un bruit métallique de monstre qui dégueule. T'as du mal à trouver pied entre les poubelles, ton petit mètre cinquante qui fait que tu t'enfonces entre les sacs plastiques comme dans du sable mouvant, accrochée au bord comme si tu allais te noyer au milieu des déchets, la menace de Gérard qui se fait plus grande et plus proche chaque seconde "Bon la sage femme, j'aimerai bien ne pas finir dévorer par un raton laveur au milieu des poubelles !" Tu hurles comme si tu étais sur le Titanic en plein naufrage. Un peu dramatique mais pas loin de la réalité à tes yeux. "Si tu m'abandonnes là j'te retrouverai ok. Pense à ta conscience professionnelle !! Si je me fais tuer par un raton laveur et que tu dois ramasser les morceaux ?"