il a une sorte de colère sourde et froide à chaque fois qu’il entend son nom. sorte de coqueluche, pas loin d’être l’employé du mois, ou sinon combattant tête en bas. ça le chauffe à chaque victoire du monstre à deux têtes: le sentiment de se faire salement avoir sous des applaudissements comiques. le rire trop gras d’un sitcom sans qu’il puisse en entrevoir la chute. à chaque fois qu’il voit son nom sur la feuille, il palpe les billets avec indifférence adel. il a appris à ne pas trop y croire, dans la posture vacillante, dans la plaie qui suinte. dans la posture pas bien impressionnante du fils prodige. il a beau faire dans l’impossible, dans le combat où david rencontre goliath: c’est douglas qui défonce mike tyson à la fin du dixième round.
et il peut pas, avoir cette bienveillance spectacle à chaque fois qu’il l’emporte. il a vite fait de partir laissant la gloire d’une victoire déjà passée.
c’était bien au début,
dans la tape sur l’épaule.
le petit mot bien gentil.
parce qu’il pensait tout bêtement qu’il se prendrait la raclée de sa vie.
c’était bien au début,
quand personne croyait en lui,
quand il n’était personne.
rien de plus qu’un nouveau fantôme dans son théâtre.
la forme malléable d’une compassion à sens unique.

ce soir était comme tous les autres dans son déroulement. dans le perdu d’avance, d’abandon sale dans un regard sans fierté. la routine d’avoir à rendre à part égale l’argent des paris avant de foncer droit dans sa chevrolet monza. l’a décidé de ralentir à l’approche du parking adel, en voyant désert. la colère d’une nouvelle défaite d’un match qui n’a pourtant jamais existé. la clope qui tire d’une voiture à l’autre. l’envie bête et méchante de le crever là.
au bout de trois minutes il est sorti seul des abattoirs,

- qui voilà! tu restes de plus en plus tard.
- faut ralentir, tu tues tout le monde mon gars.
- clope?

c’était bien au début,
quand il lui en proposait seulement.
c’est plus arrivé depuis des mois.