Un écouteur dans une oreille, le pied dansant dans l’appartement, sous les yeux des deux animaux qui ont pris possession du rebord de fenêtre, l’un dessus, l’autre dans son panier fluffy. Tu te sens comme revigorer d’une nouvelle endurance pour t’occuper de ce qui est pourtant le calvaire habituel entre quelques courses dans la ville : le ménage. T’as jamais été un grand fan de ménage, probablement parce que tu oublies la moitié des choses - combien de post-it sont gribouillés de la mention “acheter du produit vaisselle avant que tu en manques”? Tu ne sais même pas, alors que tu tries ces derniers sur ton bureau. Pas vraiment organisé, vraiment bordélique, tu ne te souviendras probablement pas où tu as posé la quatrième paire d’écouteurs acheté en deux semaines ou le troisième t-shirt acheté parce que tu as oublié où était le précédent. Navrant? Pour ton porte-monnaie uniquement. Patate, elle, adore s’enrouler dans le sweat que tu oublies de ranger - et tu diras toujours que c’est parce que tu le fais exprès, parce qu’elle l’adore ce sweat. Et beefcake? Il est bien content que tu oublies de refermer le couvercle de ses friandises parce que tu as papillonné ailleurs dans ton appartement entre-temps.

Coup dans la porte à ta gauche, l’écouteur restant dans ton oreille est lâché et enroulé autour de ton cou pour un instant de réflexion. Aux dernières nouvelles, Amber était pas supposé passer - mais en même temps, il arrive parfois à l’improviste sans te prévenir, alors que ce serait pas étonnant. Deuxième option : la voisine, celle grâce à qui tu as réussi à avoir Patate sous ses conseils. Demoiselle au sourire radieux qui pourrait aisément illuminer toute une pièce, avec des yeux dorés comme tu ne les as jamais vu auparavant, pétillante de douceur et de gentillesse. Un agréable hasard que tu as su apprécier dès les premières notes, avoir une voisine comme elle, c’est pas donné à tout le monde, tu mesures ta chance à chaque fois qu’elle toque à ta porte. Une demoiselle au cœur reflétant ses yeux dorés, bourré d’un sourire et d’une aptitude à toujours te donner des histoires aussi intéressantes que croustillantes. Et même si tu n’arrives toujours pas à te souvenir parfaitement de son nom de famille sans l’aide d’un post-it ni même à pointer le compte exact, tu sais qu’il y a eu nombre de soirées sushis sur ton canapé à écouter ses histoires.

C’est pour ça que le chiffon est abandonné sur un meuble et que tu trottes gentiment jusqu’à la porte, ouverte rapidement avec un grand sourire sur tes lèvres, grimpant jusque dans les yeux sombres que tu portes, surtout en voyant que ton hypothèse était juste. Nour. Coucou toi! La voix scintillante d’un réel bonheur à la voir, même si tu peux capter sans trop de mal les quelques hésitations dans son aura, les émotions mêlées, comme si elle hésitait à venir. Elle devrait savoir qu’elle ne gêne jamais, que t’es toujours heureux de la voir traverser le palier pour venir te voir, même si c’est juste pour te demander du sucre. Un rire clair qui s’échappe de la voix alors que tu avises les lettres que tu récupères les lettres tombées par terre d’un mouvement de main. Je crois que… je peux deviner que c’est mon courier? Tes yeux se posent sur les lettres entre tes doigts, tu t’en occuperas plus tard, c’est pas comme si c’était véritablement important au fond. Tu vas bien? T’as l’air un peu déboussolée? T’espères surtout qu’elle s’est pas fait mal ou quoi que ce soit, on sait jamais. Reste pas sur le palier, entre ! C’est Patate qui va être contente de te voir ! Mentionnée, tu peux la voir du coin de l'oeil qui a levé la tête, les deux oreilles bien dressées, curieuse à ce qu'il se passe. Tu t’écartes un peu, grand sourire lumineux sur les lèvres, laisse la porte ouverte le temps qu’elle rencontre dans l’appartement. Tu veux boire quelque chose pendant que t’es là? J’ai pas grand chose, mais presque sûr que je peux te faire un café ou un thé! Toujours pétillant quand tu as de la visite, surtout Nour. Nour, elle te met toujours de bonne humeur, elle te donne toujours le sourire.

Plus que ravi, tu brilles de ce bonheur de voir la jeune femme à ta porte. Tu l’as toujours dit à quiconque voulait bien t’entendre – généralement, ton auditoire était composé de Patate et Beefcake – tu étais toujours heureux de voir la jeune femme. Elle avait un don, tu ne savais pas trop comment elle faisait,  de te mettre à l’aise, de te faire te sentir bien plus léger, comme si le poids de toutes les émotions – négatives comme positives – que tu aspirais dans la journée finissaient par se lever de tes épaules. Au moins pour le temps où elle était là, et c’était déjà terriblement énorme. A force d’être une éponge à imprimer et aspirer les émotions de la sorte, on oubliait que cela en devenait lourd, qu’il fallait parfois purger tout ce qui s’aspirait. Mais quand on avait la tête pleine comme la tienne, ça s’avérait être un jeu bien plus compliqué qu’il n’en paraissait. Alors, tu attrapais ces petits moments avec Nour comme des petits rayons de soleil. C’est nécessaire, d’avoir ce décrochage, de temps en temps.

T’excuses pas, va. Elle est solide cette porte ! Enfin- je crois. Tu pouffes, un peu penaud alors que t’avises la porte une seconde. Elle en a vécu des choses, cette porte, pour les quelques souvenirs que tu as en tête. Enfin ! Tant que tu vas bien c’est l’essentiel ! Le retour du grand sourire, des yeux qui pétillent, de la tête penchée sur le côté. Tu t’imposes jamais, Nour, t’inquiète pas. T’as aucun souvenir d’un jour où elle est venue au mauvais moment, mais même si tu as l’habitude de poser ça sur le compte de ta mémoire tempétueuse, tu as aussi un sentiment que ce n’est surtout jamais arrivé. Hey mais penses-tuuuuu. C’est qu’un thé, va ! Je suis pas crésus, mais tout de même, un thé, c’est rien, et ça me fait plaisir, franchement ! Un nouveau, rire, léger, succins. Et je passerai avec plaisir, t’inquiète pas. Prochaine fois, si ça se trouve, ton courrier sera dans ma boîte aux lettres. Tu la laisses s’installer avec un sourire, te déplace jusqu’à la cuisine ouverte sur le reste de l’appartement – au fond, il n’y a que la salle de bain qui est fermée du reste de l’appartement, puisque même ton lit n’est pas loin, à l’autre bout de la pièce. En vrai- c’est aléatoire, un peu. J’ai des courses régulières très tôt le matin, donc je patrouille un peu en ville à cette heure-ci et l’après-midi. Sinon, j’ai une application pour des courses ponctuelles ! Donc ça dépend, pour le coup. Je saurais pas trop te donner d’horaires, ça change un peu tous les jours ! Que tu réponds, bredouille, alors que la machine fait son travail de faire couler le thé pour la demoiselle.

Tes yeux se reposent d’ailleurs sur elle, soudainement terriblement apaisé et attendri à l’image sous tes yeux, du câlin entre Patate et Nour. Tu peux pas t’en empêcher, tu restes fixer sur l’image avec ce petit sourire, autant heureux de voir la jeune femme dans cet état de tranquillité que de voir ton chat est tout autant à l’aise avec qu’elle qu’avant. Un rire échappe à tes lèvres alors que tu récupères la tasse et revient vers le cœur de la pièce pour déposer la tasse de thé sur la table basse avec un sourire. Il faudrait que je lui trouve des pastilles mentholées pour chien, mais j’suis même pas sûr que ça existe. Haussement d’épaules alors que tu te laisses tomber dans le siège juste en face de là où est installée Nour, les jambes trouvant rapidement leur habituelle position par-dessus l’accoudoir. Comme je comprends, j’te jure. J’étais trop content d’avoir Patate, et elle est adorable, mais.. Les autres petits ? Ah, ça a brisé mon cœur de les laisser derrière. Je pense que je craquerai un de ses quatre pour un autre, je te le dis. Faiblesse pour les animaux qui se ressent dans l’affinité que tu as avec eux, comme le prouve Beefcake en venant s’asseoir devant ton siège pour poser sa tête contre ton ventre pour que tu glisses tes doigts dans sa fourrure, entre ses deux oreilles. Et puis- peut-être que pour l’instant, ça vient pas, mais peut-être que tu auras un coup de cœur avec l’un deux, et tu pourras juste pas quitter le refuge sans ? Au fond, c’est un peu ce qui est arrivé avec Patate, si tu devais être parfaitement honnête. Tu pouvais juste pas partir sans elle. Vous avez eu des petits nouveaux, dernièrement ?