On perd notre temps à se perdre tout le temps

tap tap, le bruit de tes pas sur le pavé. Le bruit de la pluie sur les vitres. Le bruit des voix dans un coin de ta tête.
tap tap, ça brise ton silence (( quel silence ? )). En boucle, tes ongles qui viennent agresser ta peau.
Griffer, griffer, une démangeaison que tu n'arrive pas à apaiser alors que tu marche un peu trop vite dans la rue, slalome entre les formes, entre les corps. Le chemin tu le connais presque par coeur, les yeux fermés tu pourrais te faufiler jusqu'à là. Devant la porte, bien trop rapidement, fouille dans tes poches pour en tirer une clé usée, ornée d'un vieux lapin en peluche qui a vu des jours meilleurs.
tap tap, le bruit de tes ongles sur la porte d'entrée, comme pour prévenir de ton arrivée imminente, avertir les habitants dans la tempête imminente qui te colle aux talons.

Claquement de porte, tu la repousse d'un coup de hanche sans prendre la peine de la retenir pour éviter le bruit fracassant. Il est tard. Un peu. Beaucoup. Tu sais plus, t'as perdu le fil du temps en parallèle que t'enchainais les verres et les sourires débiles. Tout ça pour ça. Pas qui tangue, un peu ((faire comme si l'ivresse était là, mensonge)). Tu laisse tomber ta veste au sol, tes chaussures qui la rejoignent assez rapidement alors que tu secoue ta chevelure pour enlever le trop plein d'eau. Foutue pluie.

"C'est décidé. J'arrête les filles. C'est trop compliqué."

La dernière fois c'était contre les garçons que tu venais râler.
Ta voix qui résonne dans l'appartement silencieux, tu n'attend pas forcément de réponse, juste quelques pas de plus avant de t'effondrer sur le canapé où t'as laissé trainer tes affaires ce matin ((ou hier ?))

"je vais faire comme vous et m'en tenir aux hommes"

Que tu marmonne contre un des coussins du canapé. Tout qui tourne un peu trop, le coeur qui saigne, nouveau chagrin amoureux.
Le troisième de cette semaine.
Et c'est seulement jeudi.

ft. la smala : @guillermo segovia & @adel bentayeb